Patrick Achi m’étonne





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Passe encore qu’en 1990, au tout début du retour du multipartisme, le parti unique, dans ses derniers soubresauts annonciateurs de sa mort, intimide les nouveaux acteurs politiques. Tous étant bleus. A ce moment-là, que les acteurs de ce moment singulier dressent des barrages pour «sécuriser» leurs départements, sous-préfectures, villages et campements contre les nouveaux arrivants, passe encore.

Et on avait tous compris à l’époque ce qui arrivait à la Côte d’Ivoire. Elle était en train de sortir de trente années de règne d’un seul homme, un seul parti politique, un seul candidat, une seule voix, une seule télévision, une seule radio, un seul journal au quotidien. Quand une telle idée vient à mourir, le monde sent des secousses pour ne pas dire qu’il vit un tremblement de terre. Cette période-là, nous l’avons connue et elle a vécu.

Mais plus ou moins, puisque, à vrai dire, ce genre de règnes sans partage ont la peau dure. Du reste, on l’a remarqué après les obsèques du parti unique quand, les nombreuses campagnes de salubrité mentale menées ici et là n’ont pas eu les résultats escomptés. La formation et l’animation des partis politiques sur une base ethnique, le recrutement à la Fonction publique, dans l’armée tous sur la même base, sont là pour nous rappeler chaque jour que le parti unique, bien qu’annoncé mort, sommeille en chacun de nous.

Mais tout de même ! Il est des domaines de la vie publique qui ont été mieux lavés que les autres et sont débarrassés de toutes les souillures. C’est le cas de l’animation des partis politiques. Elle se fait aujourd’hui dans tous les espaces du territoire ivoirien et est devenue un fait banal. Il est vrai que, comme dans toutes les révolutions, de petites contre-révolutions subsistent dans quelques petites «poches de résistance» mais elles sont bien contenues. Et c’est tout à l’honneur des Ivoiriens.

Voilà que, depuis quelques jours, à la surprise générale, nous avons fait un grand pas en arrière, sans doute pour rappeler tous à l’ordre qu’il ne faut jamais baisser les bras dans pareille lutte. Comment est-ce possible ? Oui. Des jeunes et adultes se réclamant du Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire, menacent Laurent Gbagbo et passent même à l’acte. Ils le somment, au nom de leur mentor, de ne point mettre les pieds sur leur territoire. Au nom de Patrick Achi, ils déchirent toutes les affiches de la visite de l’ancien chef de l’Etat et cassent les pancartes publicitaires qui annoncent son arrivée.

Au nez et à la barbe de l’administration sécuritaire et judiciaire si prompte à rechercher et à trouver les fauteurs de troubles, les casseurs d’Achi ne sont pas inquiétés. Le Premier ministre lui-même et son gouvernement n’ont pas non plus pris la parole pour dénoncer de telles forfaitures qui pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la vie politique du pays qui revient pourtant d’une si longue marche vers le néant.

Ce banditisme politique né des reliques du parti unique est d’autant surprenant que ces proches du Premier ministre soutiennent, sans doute avec raison, que leur mentor est leur Dieu pour avoir fait beaucoup de réalisations dans leur région, La Mé. Ce que Laurent Gbagbo n’aurait pas fait du temps où il était aux affaires. Mais alors, pourquoi ne pas laisser l’ancien président de la République, qui revient de dix années d’exil, parcourir la région et découvrir les grandes réalisations de Achi ?

Et, connaissant Laurent Gbagbo, il rendrait un hommage au travail fantastique du «Dieu» Achi ou alors, toute honte bue, il retournerait chez lui, «la queue entre les pattes». Achi doit parler publiquement pour dénoncer ces troubles à l’ordre public qui n’honorent aucunement le peuple akyé, ce digne peuple implanté sur ce que l’on appelé la terre de la vérité et de la démocratie. Les Ivoiriens veulent des surprises mais pas de celles qui tirent vers le bas.

Abdoulaye Villard Sanogo

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