Droit dans le chaos





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La Côte d’Ivoire fonce droit dans un mur dangereux. Nul ne le souhaite, mais tous, nous le savons.

Au fur et à mesure qu’on se rapproche du 31 octobre, les ingrédients d’une explosion se mettent en place en Côte d’Ivoire. Le week-end dernier, les violences ont pris une autre tournure. Après les blocages de voies avec des troncs d’arbres, des destructions de lieux de distributions de cartes d’électeurs, l’on est passé à des incendies de biens privés. La ville de Bongouanou a été l’épicentre de cette escalade. Sur place, la résidence de l’encien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, fils et élu de la région, a été ciblée par des pyromanes.

Toujours à Bongouanou, des témoins rapportent, images à l’appui, la destruction d’un restaurant appartenant à Amah Marie Téhua, fille du Moronou et cadre du Pdci. Elle et le président du FPI ont aujourd’hui en commun d’être au sein du bloc de l’opposition qui exige le report du scrutin du 31 octobre, et la mise en place d’une transition qui va conduire à une élection crédible et inclusive. La résidence de l'Inspecteur Général d'État, Ahoua N'Doli Théophile, lui aussi cadre de Bongouanou mais membre du Rhdp le parti au pouvoir, aurait pu être brûlée n’eut été le déploiement d’une section de la gendarmerie pour la protéger. Dans des vidéos qui   circulent sur les réseaux sociaux, on aperçoit d’autres saccages de biens de particuliers, des face-à-face tendus entre des manifestants et des agents des forces de l’ordre. Au moins un mort aurait été enregistré lors des heurts. Le plus grave, c’est le risque d’un affrontement entre des populations agni et les malinké, groupes ethniques   supposés favorables à l’opposition pour le premier, et au pouvoir, pour le second. Toujours selon des témoins, la tension était vive toute la journée d’hier dans la ville, surtout que des rumeurs ont annoncé l’arrivée de renforts pour soutenir chaque camp. Voilà ce à quoi nous conduit la crise pré-électorale. Une crise causée par le refus d’Alassane Ouattara de créer les conditions d’une élection où tous les grands leaders vont tous mesurer leur popularité dans les urnes au cours d’une élection transparente. Au lieu de cela, des candidats gênants ont été éliminés de la course, le doute a été maintenu autour des conditions de l’organisation. Depuis lors, c’est le bras de fer entre les opposants rassemblés au sein d’un bloc, et le pouvoir totalement fermé à un jeu électoral ouvert. L’opposition jure qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre dans les conditions actuelles. Le Rhdp et son président promettent à leur tour que cette élection aura lieu. En écoutant les parties, l’opinion nationale et internationale s’attendent au pire. Notre pessimiste est nourri de jour en jour par des violences qui gagnent en intensité, sans qu’Alassane Ouattara et son gouvernement ne puissent les empêcher. Peut-on éviter le pire à Bongouanou ? La situation qui prévaut dans le Moronou ne va-t-elle pas se reproduire dans d’autres régions, si elle ne l’est déjà ?  Le pays s’embrase sous des yeux presqu’impuissants. La communauté internationale multiplie les missions à Abidjan sans résultat. Des guides chrétiens et musulmans, des centrales syndicales, des organisations de la société civile ont alerté, mais rien n’y fit. C’est à croire que le chaos est inévitable.

Cissé Sindou 

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