Dialogue politique sur la réforme de la CEI : Le parti de Bamba Moriféré "prêt à participer au débat" et non à "une mascarade"





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Le dialogue politique en vue de la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) a débuté ce lundi en présence de la quasi-totalité des partis politiques autour du chef du gouvernement Amadou Gon Coulibaly. Invité à cette rencontre d’ouverture, le Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI) du Pr Bamba Moriféré a dans une interview exclusive accordée à pressecotedivoire.ci,  affirmé toute sa disponibilité à participer au débat tout en émettant des réserves. 


Vous avez participé ce lundi au dialogue politique sur la réforme de la Commission électorale indépendante. Quels sont vos premiers sentiments ?

Nous avons été heureux de prendre part à cette première réunion sur invitation du gouvernement, lequel en a défini l’objet comme étant celui de la recomposition de la CEI, sur la base de l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme.

Pour ce qui nous concerne, nous avons rappelé qu’il ne pouvait s’agir de la recomposition de la CEI, mais qu’il est question d’une réforme en profondeur de cette structure pour en faire une entité indépendante, chargé de l’ensemble du processus électoral. 

A cet égard, tout en saluant l’avènement de cet arrêt qui demande à l’État de Côte d’Ivoire de mettre en place un organe électoral indépendant et impartial, nous avons rappelé que les acteurs politiques ivoiriens n’ont pas attendu la Cour africaine pour mener les luttes pour la démocratie. Depuis 1990, les acteurs politiques se sont battus pour obtenir le multipartisme et la CEI en est un des acquis majeurs dans le cadre de l’organisation des élections. 

Je fais remarquer à ce sujet que sans cette CEI, le pouvoir actuel ne serait pas là où il est aujourd’hui ; il est le bénéficiaire des acquis de notre lutte. Ce pays a quand même une histoire !


Que reprochez-vous à la Commission électorale indépendante ?

Nous avons rappelé qu’au moment de la mise en place de la CEI en 2000, les conditions d’inclusivité étaient remplies, puisque toutes les forces vives de la nation ont été invitées et y ont pris part. Aujourd’hui, la Commission électorale indépendante que nous avons est l’ombre d’elle-même puisqu’elle a été vidée de tout contenu. Elle n’est plus du tout indépendante.

 
L’actualité, ce sont aussi les poursuites judiciaires contre des députés. Que pensez-vous de cette situation ? 

C’est grave ! Il y a lieu de s’appesantir sur la situation que nous connaissons aujourd’hui qui est un contexte de recul de la démocratie dans tous les sens. C’est d’ailleurs pour cette raison que, nous avons indiqué que nous ne voulions pas participer à une réunion pour faire diversion quand on sait l’environnement politique dans lequel nous évoluons actuellement.

On ne peut pas d’un côté procéder à l’interpellation des députés alors que leur immunité parlementaire n’est pas levée, aller jusqu’à parler de délit d’opinion concernant un simple Tweet, empêcher l’installation de maires élus de façon démocratique et régulière, les demettre et placer les mairies sous tutelle des préfets, ensuite d’un autre côté, montrer que tout va bien, en convoquant une réunion avec des acteurs politiques. Il y a là une contradiction manifeste !

Même au temps du parti unique, la situation n’était pas celle que nous connaissons aujourd’hui.

 
Avec toutes ces situations que vous décrivez, allez-vous continuer le dialogue avec le gouvernement ?

Nous leur avons dit que nous étions prêts à participer à un débat, mais que nous ne sommes pas encleins à prendre part à une mascarade. Les moments de la mascarade et de la diversion sont terminés. On ne peut pas à Yopougon et à d’autres endroits tenir des propos pour dire que 2020 est « plié, bouclé » et venir amuser la galerie. Il faut savoir ce qu’on veut.


Que proposez-vous alors ?

Nous avons proposé la concertation, on peut en discuter les modalités, mais il faut qu’il y ait un débat national. La CEI ne pourra être indépendante que si les fondements de la démocratie sont pris en compte. En plus du consensus, nous voulons d’une CEI qui mène de bout en bout tout le processus électoral sans que l’Exécutif puisse interférer.

Aussi, nous prendrons l’initiative de prendre attache avec nos camarades de l’opposition pour avoir une discussion à ce sujet et éviter qu’on ne se voile la face. 

Nous sommes prêts pour la réforme de la CEI, nous avons tous les documents à disposition. Je rappelle que nous étions un acteur majeur de la constitution de la CEI de 2000. Ces propositions sont encore là, elles sont prêtes, mais il faut d’abord régler le cadre démocratique ivoirien.


Pensez-vous avoir été compris par le gouvernement ?

Nous verrons bien ; ce qui importe pour nous, c’est de rester ferme sur nos positions et de résister. Si le gouvernement ne nous entend pas nous nous battrons pour être entendu par le peuple de Côte d’Ivoire. Être entendu ou pas, la balle est dans le camp du pouvoir.


L’on ne vous a pas vu au moment de la photo de famille. Que s’est-il passé ?

Nous avions d’autres préoccupations. Nous avions un rendez-vous important et nous sommes venus honorer ce rendez-vous. Vous savez que dans ce genre de rencontre, l’essentiel, ce n’est pas la photo de famille. L’essentiel, c’est le débat auquel nous avons participé. 


Un mot sur l’acquittement et le maintien en prison de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé

En ce qui me concerne, je ne suis pas juriste, ni avocat, je suis un homme politique. Je n’ai jamais vu ça. On nous a dit qu’ils étaient acquittés. J’ai entendu notamment, l’avocat du président Gbagbo, Me Altit dire l’essentiel, à savoir, qu’il est acquitté. Le reste c’est de la sorcellerie.

 

Interview réalisée par Lambert KOUAME

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