Problématique du système sanitaire en Côte d’Ivoire : Dr Joseph Boguifo (PCA de la FIPME) sort des secrets





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Le président du conseil d’administration de la fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises (FIPME), entouré des membres de l’association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (ACPCI) a animé une conférence de presse ce mercredi 19 mai en vue de présenter les problèmes auxquels le secteur privé médical ivoirien est confronté.

Pour le conférencier, la population ivoirienne doit être un peu indulgente envers les agents de santé car ces derniers travaillent dans des conditions très difficiles.

" Ces derniers temps, nous enregistrons beaucoup de plaintes sur le système de santé, avec souvent des drames. Des accusations qui nous ont poussé à nous interroger et à faire cette sortie pour informer la population sur les réalités que vivons dans notre secteur", a-t-il lancé dès l’entame de son exposé. 

Pour lui, pendant près de 30 ans, le secteur privé médical qui était supposer accompagner le secteur public dans la gestion du système sanitaire se trouve confronté à d’énormes difficultés par la faute de  l’Etat qui regarde faire.

"La santé dans une nation relève des prérogatives de l’Etat et en Côte d’Ivoire, il y a un système national de santé qui est organisé et qui répond à des règles précises de fonctionnement. Mais ce système n’est pas suivi et il y a un laisser-aller qui ne dit pas son nom. Aujourd’hui, il existe plus de  2036 établissements privés avec 51% qui sont des structures de soins. Pour dire qu’il y a plus de structures privées que de structures publiques. Nous avons 49% de ces structures sont des  cabinets, des cliniques et policliniques et figurez-vous que 70% de ces derniers sont illégaux. Et cela, par la faute des autorités qui ne donnent plus d’autorisation d’installation depuis 2008", a-t-il confié, avec un brin d’amertume.

Pour Dr Boguifo Joseph, il est grand temps que l’Etat ivoirien revoit cette façon de faire, au risque de détruire le système de santé.

“Il faut qu’on s’asseye et qu’on pense notre, sinon on va le détruire. Si rien n’est fait jusqu’en 2022, soit, beaucoup de cliniques vont devenir indépendantes en se passant du tiers-payant, soit elles vont fermer, soit elles vont opter pour la fraude. Ce qui n’est pas fait pour aider les populations ”, a t-il insisté.

Il a par ailleurs expliqué que le barème des honoraires des prestations de santé dans les cliniques privées, qui a été élaboré depuis 1998 n’a jamais pu être appliqué à cause des différentes crises politico-militaires qu’a connu le pays depuis 1999 et de la pandémie de la Covid 19. Et que malgré tous les sacrifices qu’ils ont consentis, la situation ne s’améliore pas. Bien au contraire, les propriétaires de cliniques sont obligés de s’endetter pour continuer de tenir le coup. 

 C’est pourquoi, le conférencier propose la mise en place d’un contrat entre le ministère de la santé et de l’hygiène publique  et le secteur de la santé, un autre contrat entre le ministère et les assureurs et enfin un contrat tripartite entre les trois entités. Dr Boguifo suggère également la mise en place d’une autorité nationale de régulation du système de la santé, l’actualisation et la formalisation des textes, notamment le Code de la Santé qui date de 1953,  une subvention pour les cliniques, une fiscalité spécifique en faveur du secteur privé de la santé, par la réduction des taxes ou la détaxation de produits médicaux et la possibilité d’affectation du personnel de la santé dans les établissements privés.

Quant aux sociétés d’assurance, Dr Boguifo, les exhorte à mettre en place une convention-cadre avec les cliniques. Les populations ont quant à elles été invitées à comprendre ce qui se passe, sans s’en prendre au système de santé. 

Solange ARALAMON

 

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