Sommes-nous vraiment en paix ?





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« La Côte d’Ivoire face au défi de la cohésion nationale et de la paix », c’est le thème de la 25 journée nationale de la paix célébrée en Côte d’Ivoire ce 15 novembre 2021.

 D’entrée, Il faut saluer le choix de ce thème. Il montre, en effet, que les autorités du pays sont conscientes de ce que la paix, mais surtout la cohésion sociale, ne sont pas encore une réalité en Côte d’Ivoire. Il reste que ces autorités soient véritablement déterminées à rechercher la paix.  

Selon le dictionnaire français Larousse, « paix », nom féminin d’origine latine (pax, pacis) désigne « l’état de pays, de nations qui ne sont pas en guerre », ou encore « l’état de concorde, d'accord entre les citoyens, les groupes sociaux ; l’absence de luttes sociales, de troubles sociaux ».

Suivant ces définitions, l’on peut affirmer, comparativement à la période de guerre postélectorale (Décembre 2010-avril 2011), que la Côte d’Ivoire connait une paix depuis 2011, mais une paix précaire. Car, si les armes ont cessé de tonner, la haine, les rancœurs et la volonté de vengeance restent présentes dans les cœurs, particulièrement dans le camp qui a perdu la guerre.

Les spécialistes sont unanimes sur une thèse : après toute guerre, la vraie paix passe par la justice et la réparation des torts. Concernant la réparation des torts, un processus d’indemnisation a été entamé après la crise, mais n’est pas allé jusqu’au bout. Conséquence, de nombreux citoyens handicapés à vie, ou ayant perdu des proches ou d’énormes biens dans cette guerre, restent amers.

Côté justice, Laurent Gbagbo et plusieurs de ses partisans ont été incarcérés en Côte d’Ivoire et à La Haye. Certains sont sortis de prison sans jugement. D’autres ont été condamnés à l’issue de procès sans preuves convaincantes. D’autres comme Laurent Gbagbo et Blé Goudé ont été déclarés non coupables par les juges. Ces verdicts ont relancé le débat sur les responsabilités des tueries qui ont eu lieu au cours de cette crise, et qui laissent un grand sentiment d’injustice chez Gbagbo et une grande partie de ses partisans.

Comme nous l’écrivons souvent, les crises en Côte d’Ivoire naissent d’élections ayant mal tourné. C’est donc dans des élections transparentes justes et équitables qu’elles peuvent trouver leur solution.

UN PAYS PROFONDEMENT DIVISE

Par exemple, après l’exclusion d’Alassane Ouattara de l’élection présidentielle de 2000, lui et ses partisans, ont lutté par divers moyens pour sa participation à une élection. Au premier tour de la présidentielle de 2010, le candidat du RDR est arrivé en 2e position après Laurent Gbagbo, mais ces résultats ont été acceptés par ses partisans car reflétant globalement le choix des électeurs dans l’ensemble des bureaux de vote. Au 2e tour, la principale cause de la crise a été l’annulation, par le Conseil constitutionnel, des suffrages exprimés dans toute la partie nord du pays.

Plus tard, autant les partisans de Ouattara, qui s’est installé au pouvoir avec le soutien de la communauté internationale, ont retrouvé la joie et sont devenus les nouveaux chantres d’une Côte d’Ivoire où « tout va bien », autant ceux de l’opposition, particulièrement les pro-Gbagbo, considèrent que le pays ne retrouvera une situation normale que lorsque leur leader aura été réhabilité du tort qu’il a subi à leurs yeux.

Une partie de leur attente était la libération de leur champion. Une autre reste son retour au pouvoir par les urnes. La présidentielle de 2020 était alors cette occasion d’apaiser l’ensemble des Ivoiriens par l’organisation d’une élection ouverte et transparente jusqu’au bout. Malheureusement, le pouvoir n’a pas réussi ce pari. Il ne l’a même pas voulu. Outre la violation de la Constitution pour imposer une candidature illégale d’Alassane Ouattara, plusieurs candidats sérieux dont Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, ont été écartés. Le pays a connu une nouvelle crise électorale venue grossir le nombre des morts, des blessés, des prisonniers et des rancœurs politiques. Des personnalités telles que le leader de GPS et de nombreux proches sont contraints à l’exil, officiellement pour des poursuites judiciaires, en réalité pour leur refus d’adhérer au RHDP, le parti d’Alassane Ouattara. 

C’est sur une telle bombe que vit le pays et ses habitants. Des habitants également victimes de la pauvreté et tant de difficultés sociales. On le voit, la paix en Côte d’Ivoire n’est qu’apparente. Ne parlons même pas de cohésion nationale.

Cissé Sindou

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