Résolution du conflit israélo-palestinien : les solutions de Charles de Gaulle sont toujours d’actualité





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La guerre israélo-palestinienne aurait pu trouver une solution durable depuis plus d’un demi-siècle si des mains obscures ne manipulaient pas certains esprits afin de perpétuer les drames auxquels l’on assiste dans cette partie devenue célèbre du monde. Le 27 novembre 1967, répondant à une question d’un journaliste lors d’une conférence de presse, le général Charles de Gaulle avait déjà décrit tout ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux. Nous vous proposons à lire la question du journaliste et la réponse détaillée de l’homme politique français qui a tracé la ligne de la diplomatie française de la Vè République.

Question du journaliste : Mon général, la guerre a éclaté au Moyen-Orient il y a six mois. Elle s’est terminée aussitôt ainsi que l’on sait. Que pensez-vous, mon général, de l’évolution de la situation dans ce secteur du monde depuis juin dernier ?

Charles de Gaulle : L’établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque-là, l’établissement d’un foyer sioniste en Palestine, et puis après la deuxième guerre mondiale, l’établissement d’un État d’Israël soulevait à l’époque un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables frictions et conflits.

Et certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, et qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élites, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois qu’ils seraient rassemblés dans le site de son ancienne grandeur, n’en viennent à changer en ambition ardente et conquérante, les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis 19 siècles : « L’an prochain à Jérusalem ».

Beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l’établissement de leur État sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu’ils parviennent, en usant d’un peu de modestie, à trouver avec leurs voisins un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956. A la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet, un Etat d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir et ensuite l’action qu’il menait pour doubler sa population par l’immigration de nouveaux éléments donnait à penser que le territoire qu’il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu’il serait porté, pour l’agrandir, à utiliser toute occasion qui se présenterait.

C’est pourquoi d’ailleurs, la cinquième république s’était dégagée, vis-à-vis d’Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet Etat et que la cinquième république s’était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Le 22 mai, l’affaire Aqaba fâcheusement créée par l’Egypte, allait offrir un prétexte à ceux qui rêvaient d’en découdre.

Pour éviter les hostilités, la France avait, dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances, d’interdire conjointement avec elles, à chacune des deux parties, d’entamer le combat. Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré qu’éventuellement, il donnerait tort à quiconque entamerait le premier, l’action des armes. Et c’est ce qu’il répétait en toute clarté à tous les Etats en cause. C’est ce que j’avais moi-même, le 24 mai, déclaré à monsieur Eban, ministre des Affaires étrangères d’Israël. « Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l’infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les Arabes, je ne doute pas que le cas échéant, vous remporteriez des succès militaires. Mais ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et du point de vue international, dans des difficultés grandissantes d’autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays. Si bien que c’est à vous, devenus des conquérants, qu’on en attribuerait peu à peu les inconvénients ».

On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé en six jours de combat des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions. Et s’il se manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme, il est vrai que les deux belligérants observent pour le moment d’une manière plus ou moins précaire et irrégulière le cessez-le -feu prescrit par les Nations Unies. Mais il est bien évident que le conflit n’est que suspendu et qu’il ne peut pas y avoir de solution sauf par voie internationale.

Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unies ne déchirent elles-mêmes leur propre charte, un règlement dans cette voie doit avoir pour base, l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance, et la reconnaissance de chacun des Etats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations Unies avec la présence et la garantie de leur force, il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous dans le golfe d’Aqaba et le canal de Suez.

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