Deux leaders, mêmes pratiques





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L’un est l’actuel chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’autre est son prédécesseur. L’un vit à Abidjan dans le palais présidentiel douillet d’où il prend ses décisions même les plus inattendues qui démontrent malheureusement une fébrilité certaine ; l’autre, détenu pendant huit ans à la Cour pénale internationale (Cpi) par la faute de la communauté internationale et de son successeur, savoure depuis quelque temps une liberté sous conditions à Bruxelles.

 

D’où il prend, à l’image de son prédécesseur vivant à Abidjan, des décisions enrobées également de grande fébrilité.

 

Alassane Dramane Ouattara, ADO pour ses intimes, est le premier cité. Il a fait expulser manu militari, dans la nuit de mardi à hier, mercredi, Capo Chichi Stellio Gilles Robert alias Kémi Séba, activiste franco-béninois de 38 ans, très en verve contre le Franc CFA, la monnaie commune à 14 pays du continent africain. Le Franc CFA, officiellement franc de la communauté financière africaine, est le nom de deux monnaies communes héritées de la colonisation, perçu aujourd’hui à travers l’Afrique comme un véritable frein au développement des pays. Parrainée par la France dont le Trésor public en garantit la convertibilité vis-à-vis de l’Euro, le Franc CFA charrie au regard de nombreux Africains sa chaîne coloniale.

 

Kémi Séba et de nombreux activistes ainsi que d’intellectuels et d’économistes africains sont donc en campagne pour dénoncer cette monnaie. C’est dans cette logique que M. Séba était à Abidjan où il devait animer une conférence publique, le dimanche 31 mars prochain au Baron de Yopougon. Grand défenseur du Franc CFA et donc ennemi juré des opposants à cette monnaie, M. Ouattara a décidé de leur fermer la bouche en expulsant Kémi Séba et ses amis de Côte d’Ivoire. Exit donc la liberté d’expression sur les bords de la lagune Ebrié. Alassane Ouattara qui a pourtant usé de cette liberté pour célébrer le Franc CFA, s’oppose à ce que ses adversaires en fassent usage pour critiquer cette monnaie.  Ainsi va le leadership aux confluents de la fébrilité et de la dictature en Côte d’Ivoire.

 

Autre leader politique, même constat. Il s’agit de Laurent Gbagbo. Son chassé-croisé avec son poulain et ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan fait couler beaucoup d’encre et de salive. Même si Affi n’a pas été tendre avec  son mentor, le fait qu’il ait été quasiment humilié par celui-ci alors qu’ils étaient à quelques heures d’une rencontre (qui a malheureusement avorté) permet de comprendre somme toute son amertume. Les textes du Fpi prévoient une procédure claire pour être élu président. Ils placent également le président en clé de voute du parti. On ne peut donc pas organiser un congrès du Fpi sans l’aval du président. Gbagbo qui ne l’ignore pas voudrait passer outre ces textes pour ravir le fauteuil de président du Fpi à Affi. Fondateur du parti, il estime en avoir le droit. Même si le Droit n’est pas de son côté. C’est en fait le droit du Président-Fondateur qui n’est pas consacré par les textes du parti.

 

Vingt neuf ans après le retour de la Côte d’Ivoire au multipartisme et l’entame du processus de démocratisation, deux des leaders politiques de premier plan nous ramènent à l’époque du parti unique, de la pensée unique et de la volonté du Père-fondateur qui s’impose à tous.

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